Il faut parfois des années de vie pour sentir le romantique. C’était le cas d’André Vanderhaeghe. Se passant du négatif, le peintre se laisse inspirer par son inconscient. Il se raconte à lui-même sa propre histoire. Le rêve de l’irréel s’enrichit en observant l’ineffable richesse de la nature. Le caractère surréaliste jusque-là quelque peu présent dans ses oeuvres finit par disparaître pour faire place à la fantaisie. Les images se qualifient d’ores et déjà de ‘réalisme fantastique’. La nature n’a pas perdu son importance; elle reste son point de départ qui est transformé en paysage de rêve par la fantaisie.

C’est la transfiguration poétique de ce qui a ou qui n’a pas été réellement vu et vécu, dans une réalité fantastique. Ses oeuvres, ce sont des émotions qui, sans essai ni croquis, s’éclatent sur la toile blanche. Le caractère visionnaire de ses rêves a été alimenté par nombre de voyages à travers le Massif Central, la Provence et les Alpes Françaises. La beauté superbe de la nature, le mystique des rochers et des vallées, et les constructions de l’homme dans ce décor grandiose se sont figées dans de gigantesques sculptures naturelles, l’effet merveilleux de l’Erosion. Les figures et les ‘nus’ jusque-là dominants disparaissent de son oeuvre et l’entrelacement des formes corporelles n’est plus que sporadique. La finesse artistique des structures érodées est accentuée par la technique propre à l’artiste. Il se sert du couteau à palette. Dans une masse liquide de peinture, de très fines touches à pinceau apportent la finition. C’est un jeu artistique où des transformations d’arbres mortes, de stalagmites et de stalactites créent un ensemble qui nous immerge dans son monde de rêve.